DECOUVERTE ET APPRENTISSAGE


Bonjour à tous,
Cela fait longtemps que nous ne donnons pas de nouvelles, veuillez nous en excuser.

Depuis le remontage du side-car VINCENT les heures en atelier ont été nombreuses pour le rendre conforme au règlement fédéral. Puis il y eu les premiers essais à NOGARO et enfin la première course au CASTELLET sur le circuit PAUL RICARD. Tout cela dans un délai serré. Mais nous ne sommes pas là pour nous plaindre mais pour partager notre expérience avec ce superbe et surprenant side-car VINCENT, The Magic Eight Ball.

Premier roulage à Noga

Dimanche 3 avril, très tôt le matin, en route pour le circuit de NOGARO pour notre première séance d'entraînement avec le KIRBY VINCENT. Pour l'occasion l'équipe est au complet: notre fille, Daniel et Maryse MEURINE venus spécialement de leur Auvergne adorée. Daniel, spécialiste VINCENT, s'occupera du suivi mécanique tout au long de la saison. C'est très rassurant de l'avoir à ses côtés, son expertise est précieuse car il apporte rapidement une solution dès qu'un problème se présente. Puis Philippe et Marie-Élisabeth, des amis, ont rejoint l'équipe. Philippe sort de l'école de la Performance de NOGARO, donc il ne restera pas les bras croisés et Marie-Élisabeth s'est occupée de la logistique et de notre fille. Une équipe bien organisée!Entrainement_Nogaro

Alors, avant d'entamer la première série d'entraînement, nous démarrons le side-car à l'aide des rouleaux et un seul cylindre répond à l'appel. Verdict, une bougie HS. Lors des essais moteur à la maison j'ai laissé le starter...Trop d'essence, une bougie n'a pas apprécié. Nous voici à la recherche de « l'étincelle » sur tout le paddock et c'est un équipage side-car qui va nous dépanner. Merci Jean-Marie. Le VINCENT tournera avec des bougies d'une Suzuki 1000 GSXR! 

Nous sommes enfin prêts mais avant de rentrer sur la piste le passage au sonomètre est obligatoire. Nouveau problème, nous dépassons les 102 DB qui sont le maximum autorisé sur ce circuit. Le circuit est équipé d'un sonomètre directement relié à la préfecture, donc tolérance zéro. Mais il y a la règle et l'esprit de la règle, alors les gens du circuit de NOGARO proposent que nous fassions un essai et si nous déclenchons le sonomètre préfectoral c'est sortie immédiate de la piste. Heureusement le sonomètre ne sera jamais déclenché.

Les 20 minutes de la série side-car sont terminées, ouf, nous rejoignons notre assistance. Tout le monde est pendu à nos lèvres pour connaître nos premières impressions. D'abord du soulagement car enfin nous avons roulé. De l'étonnement car nous sommes bluffés par l'efficacité du châssis et de la boîte à vitesses racing. De l'extase car ce moteur délivre des sensations jusque là inconnues. Pour un moteur conçu dans les années 40 c'est impressionnant.

Puis la pression descend petit à petit pour faire place à l'analyse à froid. Le moteur ne prend pas encore son régime maxi de 6200 tours/minute. Les bougies sont noires, donc nous sommes trop riches....C'est bien la première fois qu'on se plaint d'être trop riche! Gicleurs remplacés dans la foulé.

Puis il y a de l'huile un peu partout sur le side-car....Le reniflard du moteur, qui est relié à la bâche à huile, met en pression ce réservoir, l'huile est poussée vers la mise à l'air et va remplir le bocal de rétention. Alors Daniel met en place une solution provisoire qui évitera d'arroser le side-car d'huile et surtout d'éviter d'en laisser sur la piste. Daniel a déjà la solution définitive en tête, il connait très bien ce problème pour l'avoir solutionné sur les 905 PEUGEOT d'endurance. Une boîte de décantation et de tranquillisation des gaz, dite boîte à coucou, sera fabriquée à l'atelier.

Mais revenons à notre entraînement. A la pause déjeuner nous avons 40 minutes de roulage dans les bras et déjà une première analyse sur le pilotage s'impose. Quelques douleurs musculaires apparaissent, c'est un peu plus physique à piloter qu'un side-car de rallye et surtout c'est plus compliqué pour se déplacer et se tenir pour Marie-Laure. Une nouvelle poignée sera installée et une autre sera supprimée à l'atelier par Daniel. L'ergonomie est très importante.

Entrainement_Nogaro

C'est la fin de la journée d'entraînement, nous avons pu rouler 4 X 20 minutes sans soucis mécanique mais nous sommes épuisés. Ça c'est la réalité, on sait que nous avons beaucoup à apprendre et pour cela il faut rouler. Daniel et Maryse rejoignent leur domicile, ils prennent le side-car avec eux, Daniel fera des heures supplémentaires à l'atelier pour qu'il soit prêt pour le CASTELLET.

C'est déjà le 14 avril, nous prenons la route en famille pour rejoindre le PAUL RICARD. L'organisation du championnat Racing Side-Car Mania accueille les équipages et organise le paddock. Le vendredi 15 avril à 7h30 ce sont les contrôles administratif et technique. Les recommandations avisées du contrôleur technique seront à appliquer pour la prochaine épreuve. L'ensemble des équipages side-car ont accueillis chaleureusement notre arrivée et l'ambiance sur le paddock est très bonne.

Daniel et Maryse feront le déplacement. Daniel n'est pas venu les mains vides, une boîte de gicleurs et deux réducteurs de bruit qu'on essayera de suite.

Je suis très tendu et visiblement je ne m'aperçois pas que je mets la pression à tout le monde. Alors un rappel à l'ordre de Marie-Laure va vite me faire redescendre d'un étage...C'était nécessaire.

Paul_RicardTous les équipages s'agitent autour de nous, c'est l'heure de s'approcher de la pré-grille pour les essais libres. Pour l'instant le side-car est mis en route à l'aide des rouleaux sous la roue du fourgon mais en pré-grille il y a une attente de 20 mn, donc le redémarrage se fera en poussant. Et là ce n'est pas simple car on ne maîtrise pas encore cette étape. On décide de démarrer sur la première vitesse, le moteur tournera plus vite. On met le moteur en bascule arrière, Daniel et un autre gaillard poussent, je mets un coup sur l'arrière au moment où je lâche la poignée d'embrayage et le moteur donne du son rapidement. Daniel, à cet instant, fera une cascade d'anthologie, une espèce de roulé boulé sans toucher le sol pour se retrouver, tel un chat, sur ses deux pieds. Ma fille en rigole encore.

Passé la Pit-Lane nous découvrons un circuit aux dimensions impressionnantes, le regard se perd tellement la piste est large mais au bout de quatre tours le tracé est appris. Sur les longues lignes droites le moteur ne prend pas les tours, presque 1000 tours/minute en moins qu'à NOGARO: les réducteurs de bruit. La séance sera effectuée dans son intégralité car on a besoin de rouler. Retour au paddock pour le débriefing avec Daniel: exit les réducteurs de bruit, contrôle de la carburation OK et validation de la boîte à coucou. Après le déjeuner Daniel et Maryse retournent chez eux rassurés que tout soit opérationnel.Paul_Ricard

C'est maintenant au tour des essais chronométrés, passage obligatoire par le sonomètre, contrôle OK, OUF! Nous sommes les premiers à nous lancer sur la piste car on avait peur de ne pas démarrer en poussant mais c'était sans compter sur l'aide de deux spectateurs. Dès le troisième tour le rythme commence à augmenter et la vitesse dans les longues courbes devient un peu impressionnante comme à CIGNES et au BEAUSSET. Fin de la séance: 11ème temps, départ demain sur la 6ème ligne. Au lit de bonne heure pour être en forme demain.

Samedi 16 avril à 8h00 le réveil sonne! Non ce n'est pas le réveil mais une trentaine d'anciennes motos de grand-prix qui font chauffer les moteurs deux temps juste derrière notre fourgon. Le ton est donné, ce sera comme ça tout le week-end. Le public commence à arriver et les questions aussi: « c'est une copie ou une vrai VINCENT? ». Nous répondrons à toutes les questions mêmes les plus incongrues.

Il est 15H45, l'heure de se rendre en pré-grille pour la première course du weekend. Nous sommes très concentrés mais il y a une chose qu'on a jamais fait avec ce side-car: le départ.

La mise en route commence à être maîtrisée, plus qu'un seul assistant est nécessaire. C'est partie pour le tour de formation et la mise en place de la procédure de départ.

Nous sommes sur la sixième ligne, les feux rouges du portique s'éteignent, GAZ! Le side-car part très fort, la première vitesse est longue et au premier freinage nous avons remontés deux places. A la fin du premier tour nous sommes huitième et à l'entame du deuxième tour je vois devant moi une espèce de fumée, c'est peut-être de l'huile. Je décide de m'arrêter sur le côté. Après vérification ce n'est pas de l'huile mais du liquide de frein qui s'échappe de la vis de purge du frein de secours. Il n'y a plus de liquide, il est partie en fumée au contact de l'échappement. On n’a pas calé et on repars en dernière position. Petit à petit on remonte quelques places. Nous sommes dans le dernier tour, plus que deux virages avant le drapeau à damiers. On rentre dans le dernier gauche sur un faux point mort et en voulant passer la vitesse je vais confondre le sélecteur de vitesses avec la pédale de frein. Marie-Laure est déjà positionnée pour charger à gauche et je pile....elle sera directement éjectée du plateau du side. Je gare le side-car sur le côté en sécurité et je cours relever Marie-Laure pour l'amener hors de la piste. Les commissaires nous rejoignent. Elle n'a rien, son casque est fichu et la combinaison bien râpée. Passage par l'infirmerie, tout est OK.

Pour notre première ce n'est pas terrible et on se dit qu'on a peut-être été un peu vite de suite....La combinaison est réparée provisoirement et Hervé RICORD, patron de la concession KTM à SIX FOURS 83, prêtera son casque à Marie-Laure pour la course de dimanche.
Nous nous couchons de bonne heure car demain à 8h00 il y aura le réveil « TWO STROKE »!

Dimanche 17 avril, la course n'est qu'à 16H55, nous prendrons notre temps pour la préparation et de toute façon il y a toujours quelque chose à faire.
Avec Marie-Laure nous aborderons différemment cette manche, la chute d'hier nous a bien calmé.
On décide de ne pas tenter des dépassements aux freinages, bref de rouler à notre niveau actuel. Si elle me tape dans le dos c'est qu'elle n'en peut plus donc le rythme devra baisser.
C'est donc plus serein que nous abordons la dernière course du weekend.

Nous sommes sur la onzième ligne. Comme pour la course 1 nous prenons un très bon départ et dès le premier freinage nous remontons à la dixième place. Sur les deux tours qui suivent nous ferons une passe d'armes avec un BMW et un GUZZI, une belle bagarre ou on se dépassera tour à tour. Au quatrième tour Marie-Laure me tape dans le dos, c'est le signe qu'elle ne peut plus suivre la cadence. Je respecte la consigne et je rends la main. Notre place n'évoluera plus jusqu'au drapeau à damier.

Paul_Ricard

Résultat: 10 ème et notre meilleur tour est amélioré de 3 secondes.
Cette course a été instructive, on a beaucoup appris en regardant faire les équipages LEBLOND/PICQUOIN (GUZZI) et BARBI/COUPRIE (BMW), leurs dépassements étaient propres et c'était un régal de les voir évoluer de derrière.

C'est sur une note positive que se termine ce weekend. Nous ne sommes pas déçu de notre side-car et nous aborderons les prochaines courses sous un autre angle c'est à dire sans sauter les étapes de la progression.

Prochain rendez-vous à CROIX EN TERNOIS les 7 et 8 mai pour le 10ème Grand Prix historique du Pas de Calais.
A bientôt,

Hervé et Marie-Laure.