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Et voila, à force de côtoyer la famille side-cariste il fallait bien que cela nous arrive…

Après avoir été singes de remplacement sur la saison 2012, puis avoir fait l'assistance du Team Laur-Ferrieu pour le mototour 2013, Hervé et Marie-Laure nous ont fait une proposition qui ne se refuse pas, le prêt de leur side-car KTM RC8R / CHODA pour la saison 2016.

C'est bien sur un défi pour nous, je ne pensais pas pouvoir piloter un side en rallye, je ne pensais pas non plus que l'on puisse s'entendre tous les deux face à l'engagement que demande une spéciale de rallye mais c'est une telle marque de confiance que de nous prêter cet engin que l'on a accepté, sur un principe simple : si des gens en qui nous avons toute confiance nous font confiance, c'est qu'on doit pouvoir en être digne !!

Donc voila, quelques roulages plus ou moins rapides courant février nous ont permis de prendre en main le side avant de se jeter dans le grand bain lors de la première épreuve du Championnat de France des Rallyes Routiers (CFRR), à Lavérune ce WE du 12 et 13 mars.

En roulage « d’entraînement » nous avons été bluffés par la facilité de prise en main du side car, pas de mouvements parasites, un gros moteur gavé de couple permettant de rouler en douceur, proprement, un châssis vif et sain, un ensemble très léger, tout ceci permet de se faire plaisir dès les premiers tours de roues. Même en conditions franchement hivernales il a une superbe adhérence et motricité, c'est impressionnant !!

Les conseils d'Hervé et Marie-Laure sont assez simples : de la douceur, de l'enroulé sont gages de performances, les brusqueries sont à proscrire, ça tombe bien c'est plutôt comme ça que je conçois le pilotage.

J'ai eu des soucis sur les démarrages, l'habitude des départs en solo où l'on cale la moto en appui avec un régime moteur un peu élevé pour un départ canon, là si on fait ça avec le KTM / CHODA le résultat est sans appel, wheeling, embardée à droite… de la douceur on a dit !!!

Le CFRR évolue peu à peu chaque année pour s'adapter aux contraintes de plus en plus grandes en terme de sécurité et d'image de la discipline, nous n'avons désormais plus droit aux reconnaissances des spéciales avec les motos et side car, donc on les fait en voiture / camion. Par contre on a un « passage à blanc » avant le vrai départ de la course. Au rallye des Garrigues les contraintes sont telles qu'une des spéciales est même interdite aux recos en voiture, donc on les fait en vélo et le passage à blanc se déroule en « route ouverte » donc avec respect du code de la route.

Quand on est débutant, tout ceci a de l'importance, le rythme et l'engagement en spéciale ne peuvent se reproduire sur route ouverte et du coup le stress de la première spéciale est démultiplié !!

Donc voila où nous en étions en se présentant au départ du prologue. Comme d'hab' pour moi, un peu de stress, de la concentration, puis sur place je discute pour passer le stress je perds la concentration et on a risqué de partir en retard…

Je ne vous refais pas tout le match, résumons les points importants :

Spéciale de Murles : c'est une descente étroite, viroleuse avec des bas coté enherbé puis très sinueuse entre des blocs de caillasse qui se finit en montée par un interminable gauche qui se referme puis un droite serré. Le tout parsemé de bosses et au final assez dur à mémoriser dans les détails. Je me rends d'ailleurs de suite compte que je ne l'ai pas assez apprise, ça serait en solo ça irait (je l'ai couru en 2009 et en 2014…) mais là il y a tellement de paramètres à gérer que je ne sais jamais exactement où je suis, quel virage s'ouvre, lequel se referme etc. Donc on y va à la cool, au fur et à mesure des passages j'hausserais le rythme dans la première et la dernière partie, plus rapides, plus ouvertes, la partie sinueuse me faisant l'impression d'une piste de bobsleigh, des virages à l'adhérence précaire entre deux murs…. Pas franchement l'endroit pour essayer quoique ce soit ou pour laisser une part d'improvisation. Je ne dois pas être le seul à avoir cette impression, car si on prend une belle valise de secondes (voire une remorque de valises de secondes) par les équipages de tête, les autres sont dans nos chronos…

Pour la nuit je ne vous fais pas un dessin, on ne la faisait qu'une fois, on a assuré un minimum syndical…

Spéciale de Aumelas : complètement différente, une première partie en montée douce (c'est stupide mais c'est rassurant en montée, même si, vu les vitesses atteintes, ça ne change rien au final sur les distances de freinage…) avec de grands bouts de quasi droit, reliés par des virages serrés presque en épingles puis une deuxième partie plus pentue, en sous bois, avec la colline à gauche, avant une arrivée juste après un « col » donc en descente. Par contre un revêtement défoncé, bosselé, morcelé, à un point déjà impressionnant dès le départ mais s'aggravant encore en montant…

Moi ça me faisait peur, j'ai roulé des petites routes défoncées en side de tourisme et je sais ce que ça donne, un truc entre le paquebot et le zébulon, sautillant lourdement sur toute la route, voir plus si affinités…

Ben là non… hallucinant !! Le side en pleine charge à l'accélération, bien sur ça saute mais il reste en ligne, on peut tenir une trajectoire précise (je garderais quand même une bonne marge, de toute façon les bords de la route sont encore pires, il faut rester au milieu).

Dans le sous bois il y a un beau droite façon épingle en double, avec marche à l'intérieur, mais pareil ça se passe bien, en douceur, à l'extérieur.

Par contre j'ai énormément de mal dans les gauches, nombreux puisque à la fin on tourne autour de la colline qui est à main gauche. N'osant pas rentrer trop fort dedans j'ai tendance à plonger à la corde trop tôt, j'essaie de ré-accélérer trop tôt et la sanction est immédiate, l'avant se dérobe à la moindre bosse et le side sous vire. La route étant déjà déversante, les arbres n'étant pas très accueillants, j'avoue avoir eu des moments de doute. Le premier gauche amenait sur un droite donc au final ça se passait bien mais celui d'après était très long, ça a été une belle bagarre. C'est passé correctement à la deuxième fois, le temps est tombé d'un coup de 2 secondes, mais je ne suis jamais arrivé à le refaire !!!

J'ai plutôt appliqué la méthode conseillée par Hervé, passer avec une vitesse de plus, sur le couple sans trop d'effet d'accélération, pour un chrono identique c'était beaucoup plus doux.

La spéciale étant assez simple à mémoriser les passages de nuit ne furent pas très différents du jour.

Spéciale de Lavérune : une spéciale que l'on ne passe qu'une fois, en fin d'après midi, pour amener un peu de spectacle au plus près du public, on est à 100 mètres de la sortie de ville. Quelques virages sur une belle route large puis un gauche bien dangereux nous amène sur une route plus petite, avant un changement de direction pour finir sur une route aussi étroite que glissante. Elle ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable en 2014, sur le mouillé, j'avais serré tout ce que je pouvais serrer pour ne pas tomber…

Mais là la route est sèche… large… avec un bon revêtement… Alors j'ai mis du gaz !!! Je me suis régalé à passer vite, fort, en appui, les deux premières parties de la spéciale, la dernière étant tellement glissante qu'on a l'impression d'avoir les 3 pneus crevés, il faut juste assurer.

Ce rythme a légèrement surpris Sandrine qui du coup était un peu à la bourre sur les premiers virages, mais ça c'est très bien passé, elle a vite rattrapé le bon wagon !!

Au final on a un temps et une place honorable dans cette spéciale !!! C'est vraiment le moment que j'ai préféré du rallye, je pouvais envoyer du gros en étant serein, me lâcher, faire une belle trajectoire sans bosse ni trou pour m'en écarter !!

Passons rapidement sur le routier entre les spéciales, jolie promenade, beau paysage mais un peu trop de mauvaises routes, beaucoup trop de dos d'âne, de zone 30, les boucles de nuit étaient raccourcies à leur minimum, même si on est partisan du maximum de roulage de nuit, là on était bien content d'aller à l'essentiel. Puis bon toujours le même soucis de manque d'intérêt sportif, arriver largement en avance en roulant tranquille ça tient plus de la promenade que du rallye, mais on a pas le choix si l'on veut que la discipline perdure…

Par contre il faut aussi vous dire qu'on a passé un très bon moment au paddock, le vendredi, le samedi entre les boucles, le dimanche avant et après la remise des prix, parce que le rallye c'est aussi ça, un bonne équipe de potes, des amis locaux qui passent, des apéros, des produits locaux partagés, des mondes refaits, enfin la vraie vie quoi !!!

Et le résultat final ? Et bien 3ème en catégorie side-car !!!! Premier rallye en side et hop podium… c'est pas tout à fait ça, il ne faut pas fanfaronner, beaucoup de cadors de la discipline étaient absents, comme c'est le premier rallye, certains étaient en phase de réglage alors que nous bénéficiions d'une machine « ready to race ». Nous finissons 56ème scratch, le premier est 16ème, on a presque 2 minutes de retard sur un temps total de 18 minutes (pour nous, 16 pour eux).

Mais bon, ça fait plaisir quand même !!!

Un grand, immense merci à Hervé et Marie Laure pour le prêt du side-car, qui mine de rien est l'aboutissement d'années de compétition, de recherches de performance, qui est aussi un gros investissement financier que nous ne pouvons pas nous permettre, ce qui donne encore plus de valeur à la confiance accordée en nous le prêtant. Merci aussi d'avoir été là pour notre premier rallye, même si nous aurions préféré que vous puissiez rouler avec votre nouvelle bête de course votre présence a été plus que bénéfique, pour le changement du pneu au dernier moment, pour les conseils en live et les analyses à froid.

Merci à mon père Gérard et son amie Dany, indéfectibles assistants, voyant le stand passer de 5 à 15 personnes sans aucun « pète de jeu ».

Merci aux amis, clients, fans, profitez c'est aussi pour partager qu'on le fait !!!

Merci à Hervé Ricord, (boss de compte tours motos, concession KTM à Six Fours les Plages, qui a bien aidé à la construction du side) pour sa description de Hervé et Marie-Laure, venus en spectateurs nous soutenir sur un départ de spéciale et ne pouvant s'empêcher de mimer eux mêmes le départ tellement ils étaient à nos cotés !!!

Merci à Valéry Esbelin de l’établissement Le relais des puys à Orcines pour son soutien financier et à Maxxess Aubière pour son aide matérielle.

Maxence et Sandrine.